Lalla Fatma N’Soumer, une pièce historique du metteur en scène Hadbi Massinissa, a été présentée dans la soirée d’avant-hier, au théâtre régional Kateb Yacine.
L’association culturelle «Ibturen» de Larbaâ Nath Irathen, avec le concours du théâtre régional Kateb Yacine, est revenue pour une nouvelle prestation très appréciée par le public connaisseur, qui sait faire la part des choses et discerner, notamment lorsqu’il s’agit d’un pan de l’histoire de la région, en particulier, et du pays, en général. «Lalla Fatma N’Soumer» a été sacrée meilleure pièce théâtrale du concours initié par le théâtre régional Kateb Yacine lors de la célébration de la fête de Yennayer, le 12 janvier 2018.
Fatma N’Soumer, rôle joué par Bouzerna Thiziri, était une femme courageuse, pétrie de qualités dès son jeune âge, mais surtout d’un haut niveau de conscience pour la libération de son pays. On ne badine pas avec la patrie pour cette femme qui fait face à une forte armée coloniale, dirigée par le maréchal Randon (Saci Yacine), ni avec quiconque qui oserait lui porter atteinte, en sa présence. Elle planifiait toutes ses entreprises. Rien n’était laissé au hasard, ni le nombre des moudjahidine, ni les lieux de surveillance, ni le lieu de la bataille.
Tous sont connus d’avance. Elle s’imposait par sa droiture et son sens de l’organisation, ce qui lui procurait respect et égard, au sein de sa communauté. Toute une trame de la vie de Fatma N’Soumer. Une femme belle et élégante, à l’image de nos montagnardes. Elle n’a pas hésité à faire face à son père (rôle joué par Sedouki Lyes) qui incarne aussi le personnage de Boubeghla), lequel voulait la marier : «Je veux la liberté de mon pays et non le mariage.» A une amie : Yamina (Melissa Sekhi) qui lui annonce la nouvelle du mariage qui court dans le village, elle répondit : «Personne ne sait ce qu’il y a dans mon cœur !» En dépit de son opposition, elle fut mariée et durant la nuit de noces, une vive discussion entre les deux mariés eut une autre tournure que celle prévue.
Fadhma N’Soumer, prête à tout même à divorcer, ne tardera pas à se sauver chez son frère Si Tahar (rôle joué par Arezki Khalfoun) qui la protégea. C’est une femme pleine de qualités dont le sens du discernement diffère de celui des autres et même de celui des hommes. Un sortilège que son père n’arrive pas à accepter. La jeune femme avait un autre pouvoir, celui de guérir les malades. Les préparatifs de la bataille du Sébaou vont bon train, laquelle a été ponctuée par une victoire qui confortait l’impact de cette femme.
La défaite est mal perçue par le maréchal Randon (Saci Yacine) qui n’arrivait à comprendre qu’une femme à la tête d’une armée puisse le battre. La prochaine expédition fut très importante, où de nombreux soldats venaient de Constantine pour aider ceux qui étaient déjà sur place. Fatma N’Soumer, trahie par un harki, Djoudi (Mesdour Halim) est capturée vivante, après avoir perdu nombre de ses hommes durant la bataille : «Je vous tire chapeau madame. Je vous qualifie de Jeanne d’Arc du Djurdjura. Vous avez choisi la résistance, vous qui êtes belle.» Elle cracha sur le visage du harki. Un geste très applaudi par la salle même les enfants.
Elle se rue sur le maréchal : «Vous êtes sur notre terre et je suis là pour la défendre même au prix de ma vie ! (Applaudissements nourris de la salle). Le maréchal ordonna qu’on la mette en cellule. Elle finira ses jours en prison, alors que le harki est vite abattu. Une pièce qui fait rejaillir les douleurs et les mauvais souvenirs d’une guerre atroce face à un colonialisme sans scrupules. Les plaies ne sont pas encore fermées et les stigmates sont encore et toujours visibles. Une pièce très appréciée et que le public ne se lassera pas de voir.
M A Tadjer