Souk El Tenine : Les signes de la misère sociale

Partager

Ce sont là les vrais indices de la misère, des signes révélateurs de la paupérisation d’un grand pan de la société. D’aucuns ne peuvent prétendre le contraire, même ceux qui crient à gorge déployée que l’Algérie est un pays riche. Chose que nous ne contestons pas.

L’Algérie est bel et bien riche. Mais l’Algérien est-il aussi si riche que ça ? Nous, qui sillonnons à longueur de journée les villages de la Kabylie, savons que la grande majorité des citoyens sont pauvres. Sinon comment expliquer la multiplication des magasins spécialisés dans la vente des produits d’occasion. Ce que l’on appelle : le marché de la friperie. Un commerce qui se fait en toute légalité. A titre illustratif, Souk El Tenine et Maâtkas comptent plusieurs boutiques dans la spécialité. Il faut dire que ces commerces ne désemplissent guère. Certains commerçants trouvent bien leurs comptes et beaucoup de citoyens du commun des mortels n’ont d’autre choix que de s’approvisionner dans ces boutiques. Au tout début, les clients hésitaient à rentrer dans ce genre de magasins. La crainte et la gêne de montrer ses difficultés financières constituaient un empêchement. A force que le marasme social s’accentue, les gens ont fini par briser ce « tabou » et trouvent que la friperie est une occasion pour se vêtir à moindre frais. Pendant les jours de marché Souk El Tenine regorge de fripiers. Tout se vend et tout s’achète, jusqu’aux haillons, aux bottes d’un autre âge.

Des T-shirts à 150 DA, des chemises solubles dans l’eau à 50 DA, des pantalons lavés, relavés et usés à 200 DA la paire. Des tricots et même des sous-vêtements bourrés d’allergènes et présentant des risques sanitaires sûrs sont étalés et proposés à des prix bas qui tentent les plus démunis et les plus naïfs. Des souliers et des bottes des années 60 sont jetés à même le sol et finissent malheureusement dans les couffins des chefs de famille. Des godasses qui finiront par faire mal aux doux pieds des pauvres diables d’Algériens qui n’hésitent pas à les acheter. Ce n’est certainement pas de gaieté de cœur qu’ils le font. Le dénuement y est pour beaucoup. L’Algérien qui prenait bien soin de son look, de ses vêtements et de son hygiène alimentaire est contraint aujourd’hui, de se vêtir de haillons et de se nourrir de produits bons pour la poubelle.

H. T.

Partager