Le taquin des mots

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l Pour une première aventure romanesque, on peut affirmer que ce recueil de nouvelles de Hamid Ali Bouacidia a fait mouche. Une saga de 15 nouvelles toutes aussi succulentes et déroutantes les unes que les autres. Dans ce tripe décapant et fluide, les mots tout de poésie drapés, semblent couler de source. Sans verser dans les méandres d’une littérature trop littéraire ni abuser du côté très châtié de la langue de Molière, l’auteur laisse libre cours à sa verve littéraire et à son imagination débridée. Le lecteur, convié à une folie créative et récréative, se surprend à vibrer et à respirer chacune des syllabes et se laisse griser par des histoires hallucinantes, d’une grande fraîcheur contagieuse.

Cinq dans les yeux de satan (Edition Casbah 2007) est un roman défiant les normes d’une écriture imposée. Il se place aux antipodes des imitations de style. Les personnages défilent sans jamais se ressembler. Entre le boucher et le sculpteur de morts, il y a tout un monde. Entre Foufou et Keltoum, le désespoir prend deux sens différents. A chacun ses rêves et à chacun son regard. Certaines histoires peuvent être carrément qualifiées de fantastiques alors que d’autres ne sont que des aventures de gens ordinaires. Et tout le talent de l’auteur se situe justement dans sa façon de rendre naturel un fait douloureux.

Dans les deux cas, le message arrive à bon port, percute le cerveau et se niche dans l’arrière-plan de la mémoire. Tout au long du recueil, on ne retrouve des portraits vivants et réalistes (le chauffeur de taxi, le boucher, le chômeur…). Pour ainsi dire, des gens qu’on croise au quotidien, chacun dans sa bulle et chacun dans ses spécificités.

Nacer Maouche

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