Le commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, l’Algérien Saïd Djennit, a révélé, que le sommet de l’Union africaine attendu à la fin du mois en Ethiopie, traitera le projet américain Africom lequel a suscité une grande polémique.
Interviewé, hier, mardi par notre confrère arabophone El Khabar, le diplomate expert dans les affaires africaines a estimé que l’évaluation de la menace terroriste dans la région du Sahel obéit à des considérations politiques. De son point de vue, « l’organisation d’Al Qaïda est une réalité et feindre de l’ignorer serait purement absurde ».
L’Afrique est fragile sur le plan sécuritaire, en particulier la région du Sahel. Le problème des frontières se pose en plus par la nature désertique de la région, qui est devenue un refuge pour les trafiquants de drogues, d’armes et de cigarettes, lesquels sont liés aux réseaux terroristes. « La plus grande menace provient de la Somalie et du Soudan, car ces deux pays constituent une passerelle pour le Tchad, le Niger, le Mali et la Mauritanie », a-t-il précisé, tout en appelant à demeurer vigilants par rapport à ce qui se passe au Moyen-Orient, ainsi qu’à l’influence de ce conflit sur l’extrémisme religieux en Afrique.
Abordant l’importance de l’atelier qui s’est tenu du 5 au 7 janvier pour débattre de la question relative à la prévention et le règlement des conflits en Afrique, M.Djennit, dira que c’est une rencontre consultative, grâce à laquelle « nous avons accompli de grandes choses en ce qui concerne le règlement des conflits,… Nous entrons, par ailleurs, à mon avis, dans une nouvelle ère de coopération et de partenariat au niveau continental». Dans ce sens, il a cité l’exemple de l’Angola et celui du Rwanda pour se féliciter de ce que de façon générale, la paix règne en Afrique… et de poursuivre que « nous aurons à accomplir un travail considérable pour faire face à des crises probables, relatives aux résultats des élections dans certains pays, outre s’attaquer au phénomène du terrorisme,… ». Sur l’ingérence étrangère dans les conflits internes au continent, l’expert a suggéré que la meilleure façon de l’empêcher est de mettre en place des mécanismes africains chargés du règlement des problèmes du Continent.
Il faut également que tout le monde respecte ces instruments de règlement de conflit, afin de repousser définitivement les velléités d’ingérence. A la question sur l’installation d’un commandement militaire américain sur le continent, connu sous le nom de Africom, le commissaire a voulu clarifier la situation : « Si les Américains ont décidé, souverainement, la création d’un commandement américain relatif à l’Afrique, cela s’inscrit dans le cadre de l’organisation et la structuration des affaires militaires américaines, qui est un droit pour tout Etat souverain comme l’Algérie ou le Niger. Cependant et en ce qui concerne l’installation de bases militaires en Afrique ou le déploiement de forces étrangères sur son territoire, c’est là une approche qui n’a pas reçu l’approbation des pays du continent.” Et d’ajouter que « le prochain sommet africain qui se tiendra du 31 janvier au 2 février à Addis-Abeba va répondre clairement à cette polémique ». Revenant sur l’annulation du rallye Dakar qui a suscité une vive controverse politique et sécuritaire, il a fait savoir que « cela montre comment on peut évaluer des risques suivant des critères subjectifs ».
« C’est pourquoi, a-t-il expliqué, avons-nous appelé à l’installation de structures chargées de mesurer le degré de la menace. Nous avons un centre d’études sur le terrorisme à Alger et nous comptons aller plus loin dans la création des mécanismes d’évaluation des risques terroristes ». L’évaluation de la menace est souvent subjective et relative. Car à ses yeux, ceci reflète souvent des orientations politiques.
Nabila B