En effet, à peine leur souffle repris après les lourdes dépenses générées par la rentrée sociale et le mois sacré de ramadhan voilà déjà que les ménages doivent puiser dans les restes de leurs maigres bourses pour faire face aux nouvelles dépenses, celles de l’Aid.
A la dégringolade du pouvoir d’achat de larges couches sociales, notamment après la flambée des prix des produits de première nécessité : la semoule, la pomme de terre, les fruits et légumes… s’est ajouté, encore, la probable hausse des prix des huiles végétales et la grève des unités de production du lait. Les syndicats autonomes n’ont pas tardé à réagir, suite à la tentative vaine du ministère de l’Agriculture de rassurer l’opinion publique. « En fait, le gouvernement prend des décisions pour ne pas les considérer à la fin…La flambée des produits de base ne cesse de prendre fin : La pomme de terre, la semoule, les huiles végétales. Pourquoi le non respect des décisions gouvernementales ? », S’interroge un père de famille syndicaliste au sein du Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement du secondaire et technique) CNAPEST.
Le coordinateur du bureau de Tizi-Ouzou, M. Dali, nous dira d’emblée : « La situation sociale s’est nettement dégradée; la nouvelle grille des salaires annoncée pour le mois de janvier est déjà grillée; la marge d’augmentation étant consommée de fait suite à la cavalcade des prix ».
Et d’ajouter « même si on double les salaires, cela restera insuffisant ;…que diront les chômeurs ?»Par ailleurs, M.Dali annonce que le CNAPEST tiendra durant ses vacances d’hiver son congrès au cours duquel « les syndicalistes congressistes se pencheront sérieusement sur la question sociale. La base est prête à organiser une contestation dès la reprise.» Mohamed Sadali, SG du SATEF (Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation) a, quant à lui, qualifié la prochaine augmentation des salaires de « rattrapage »de ce qui est perdu depuis le mois d’août. “L’augmentation n’aura aucun effet sur le pouvoir d’achat », dira-t-il. Et d’enchaîner «L’élaboration du statut particulier en solo par la tutelle est inacceptable. Le SATEF n’est pas partie prenante de cette démarche et option …on confectionne tout unilatéralement et on déclare que les syndicats ont participé ». « La misère se généralise à travers le pays au moment où le baril du pétrole pointe vers les 100 dollars …au SATEF on tire la sonnette d’alarme » ajoutera-t-il, en expliquant : « Si rien n’est fait pour améliorer la situation des plus démunis et si la création de l’emploi n’est pas favorisé, nous entrevoyons les indices d’une explosion sociale imminente », et de conclure : « Au fait un des problèmes majeurs de notre pays, c’est la répartition inéquitable de la richesse nationale ».
Par ailleurs, le Conseil national des lycées d’Algérie réuni le 14 décembre dernier, en présence de feu Redouane Osmane, a traité la question des grilles des salaires et du statut particulier. « La grille nationale des salaires s’inscrit à contre-courant du processus de valorisation du système éducatif et dévalorise le statut social des enseignants et des personnels. L’augmentation des prix et l’inflation cumulée rendent insignifiantes des augmentations des salaires non indexées sur le coût de la vie», lit-on sur la déclaration qui a sanctionné le conseil national du CLA.
En outre, suite au retard enregistré par la tutelle pour la mise en œuvre des mesures de revalorisation salariale et l’absence de projet de texte concernant les statuts particuliers « le conseil national du CLA élargi aux délégués appelle la communauté éducative à une mobilisation générale dès les premières semaines de la rentrée de janvier 2008 », ajoute-t-on sur le communiqué. Rappelons que ce fut le dernier conseil national auquel a participé la figure de proue du syndicalisme, l’infatigable feu Redouane Osmane. Un syndicaliste du CLA nous a affirmé que le Conseil national se réunira prochainement pour palier le vide laissé par la disparition tragique de celui qui fut «l’ami de tout le monde».
Ahmed Kessi