L’enfance marchandée

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Même si de nombreuses festivités sont prévues un peu partout aux quatre coins de la wilaya pour célébrer la Journée mondiale de l’enfance, il n’en demeure pas moins que de nombreux enfants ignorent jusqu’à l’existence de cette date. Pour eux, l’enfant ou tout du moins ce qu’il représente aux yeux de notre société est synonyme d’innocence. Lorsque l’enfant n’est pas comparé à un ange, il est carrément décrit comme un démon. Certes si les conjonctures sociales dans lesquelles baignent à longueur d’année ces chérubins ne leur sont guère favorables pour leur permettre un épanouissement total, ces mêmes conjonctures leur dictent un comportement jugé parfois inadapté, voire même incorrect. Pourtant au-delà de certains préjugés, la dure réalité constatée sur le terrain pour des centaines d’enfants est affligeante. Exploités, sous-payés, soumis à des travaux pénibles, des gosses ne dépassant guère la quinzaine d’années sont quotidiennement employés à des tâches ingrates pour des salaires de misère. A quelques jours des vacances scolaires, des mioches sont déjà en quête d’un boulot qui leur permettra de subvenir aux frais de la prochaine rentrée. L’emploi idéal pour eux est de se faire embaucher comme garçon de salle dans un café ou un restaurant. C’est le cas de Nassim, 14 ans, qui se déplace chaque jour de M’chedallah pour trouver du boulot à Bouira. “J’ai fait pratiquement tous les cafés de la ville, mais les places de garçon de salle sont rares” nous avoue-t-il. Mais pour lui pas question de renoncer : “Si je ne trouve rien dans ce domaine, j’ai plusieurs propositions pour faire manœuvre dans des chantiers, mais je ne désespère pas…”. Pour d’autres garçons, plus chanceux ou plus mentis, c’est le commerce qui se profile à l’horizon. La vente de tabac, cigarettes, cacahuètes et autres friandises peut s’avérer extrêmement lucrative, surtout si la “table” est installée au bon endroit. Et c’est justement au bon endroit que doit se trouver l’enfant. Non pas uniquement durant les vacances scolaires, mais tout au long de l’année, car avant tout il y a cette enfance à préserver et éviter de la sacrifier sur l’autel d’une société qui se base sur des réalités purement économiques.

Hafidh B.

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