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Réhabilitation de l’aqueduc de Saldae

Sous le parrainage de l’association “Géhimab” de l’université de Bgayet, le centre national de recherche préhistorique, anthropologique et historique (CNRPAH) en étroite association avec les collectivités locales de Bgayet et de Toudja ainsi que la circonscription archéologique de Bgayet, a été lancé au début de l’année 2007, un projet de recherche historique et technique sur l’aqueduc romain de Toudja, à quelque 25 kilomètres de Bgayet.

L’ambition de ce projet de recherche pluridisciplinaire est la réhabilitation de l’aqueduc de Saldae. L’ouvrage hydraulique est considéré comme l’un des plus imposants que recèle la wilaya. Chasse gardée des archéologues, mais paradoxalement méconnu du grand public, l’ouvrage de 25 km de long reste une véritable curiosité, captivant autant par la performance de ses concepteurs qui durent recouvrir à des techniques de génie civil “avant garagistes” pour le réaliser, que par sa charge historique, étant un concentré d’inscriptions épigraphies qui a inspiré une multitude d’études sur la présence romaine dans la région.

Les péripéties liées au creusement du canal pour le passage de l’aqueduc ont été trouvées sur une inscription localisée à Lambèze (Batna). C’est en l’an 137, que les romains captèrent et canalisèrent les eaux de la grande source de Toudja pour alimenter la colonie de Saldae, actuelle Bgayet, fondée par l’empereur Octave en 27-26 avant J.C.

L’acheminement de l’eau sur près de 25 km à travers un relief montagneux tourmenté en utilisant la seule force de la gravité, est une gageure que l’on a pas encore fini d’étudier de nos jours. D’autant plus qu’elle a donné lieu à des prouesses techniques qui sont restées dans les annales, comme par exemple, le pont de Tihnaïne dont l’envergure est de 300 mètres et qui a été construit pour pallier la perte de pente et traverser la dépression de l’Hanaït. Le vétéran de 3e légion Augusta, Nonius Datus, le librator (ingénieur militaire) qui a conçu ce projet de bout en bout a eu également à recourir au percement d’un tunnel de 560 mètres pour traverser le col d’Ighil Lahabel.

Selon le géomètre Engénie Dewulf, qui s’est intéressé de près à l’ouvrage, cet aqueduc développait un débit ordinaire de 60 litres par habitant et par 24 heures, partant de l’hypothèse que la population de Bgayet, à l’époque Hamadite, était de 86 000 habitants.

Le projet de recherche qui fait actuellement l’objet d’une thèse de doctorat à Siena, en Italie, conduite par un chercheur algérien, M. Djermoune, devra deboucher à moyen terme sur la création d’un musée à Toudja (pièces originales, reproductions, images, sons et reconstitutions) afin de permettre aux visiteurs de plonger au cœur du chantier de construction de l’aqueduc et du percement du tunnel de Lahbel (Ifrène).

Nacer Maouche

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