La Dépêche de Kabylie : Le secteur de la culture dans la wilaya de Béjaïa était longtemps géré par un intérimaire. Quel est le premier constat que vous en faites après votre installation ?
l Mourad Nacer : La Direction de la culture de la wilaya de Béjaïa, jusqu’au 4 avril 2007 était géré par un intérimaire, et par définition, celui-ci n’avait pas les commandes larges dans la gestion. En tout état de cause, nous assumons le passif et l’actif. Mais, avec de la vigueur et de la patience, notre souci majeur – celui de réhabiliter le secteur de manière à rehausser l’activité culturelle et de rapprocher le public des organismes culturels – se concrétisera. Cela passe d’abord par la définition des tâches au niveau de notre direction et avec toutes les structures. Mon arrivée à la tête de cet organisme, coïncide avec la participation officielle de la wilaya à la manifestation « d’Alger capitale de la culture arabe 2007 ». A l’occasion, notre premier souci est de bien gérer cette manifestation.
Un premier constat sur l’état du secteur est fait. Quelles sont donc les priorités auxquelles vous accordez plus d’importance?
l Tout est important pour nous. Le secteur de la culture dans la wilaya a besoin qu’on le réhabilite pour l’inscrire dans une dynamique culturelle continue. C’est d’ailleurs dans ce but que nous avons inscrit des projets concrets pour rendre la culture visible. Béjaïa, qui peut s’enorgueillir de ses potentialités et patrimoine culturels uniques et riches a de quoi éblouir ses visiteurs. Cependant, l’état de ces sites et ce patrimoine matériel nécessite en urgence une restauration et aménagement. Nous travaillons pour sauvegarder cette richesse naturelle et historique qui fait la beauté de cette ville. La protection, ainsi que le classement de ces sites qui s’imposent plus que jamais sont les priorités de notre direction.
La plupart des sites culturels subissent justement des préjudices énormes. Quels seront les premiers monuments concernés par cette opération de rénovation ?
l Nous procéderons à la rénovation de tous les quartiers anciens tout en respectant leur caractère historique et architectural. Plusieurs sites, en effet, nécessitent un aménagement pour les sauvegarder. Ils représentent ce qu’a Béjaia de plus beau. Un vrai héritage. La rénovation du Théâtre régional est entamée déjà depuis quelques mois. Il sera ouvert probablement d’ici le mois de Ramadhan prochain. D’autres paysages considérés du point de vue de leur importance pittoresque sont aussi inscrits dans ce programme. Il s’agit de ceux érigés au centre-ville tels La Casbah, l’ex-Tribunal, la Mosquée d’Ibn Khaldoun, l’annexe des Beaux-Arts et le musée Bordj Moussa. Pour ce que recèle la wilaya comme richesse, en dehors du centre-ville, la Direction de la culture avec l’accord du ministère de la Culture procédera également au classement et à l’aménagement de plusieurs monuments situés dans différentes localités. Le fort Gouraya, la kouba de Sidi Yahia, les ruines de Tiklat à El Kseur sont aussi d’une grande importance, c’est pourquoi nous avons pensé entamer notre travail par ce volet avant tout autre activité.
D’autres projets pour la wilaya ?
l D’abord, nous espérons mettre sur pieds ces projets de restauration et de rénovation.
La direction se propose d’engranger d’autres acquis pour la wilaya. Il y a lieu de parler de notre intention d’équiper chaque commune d’une bibliothèque que la direction se chargera d’emplir d’un fonds documentaire. Pour celle de Béjaïa, située à La Casbah, nous comptons également l’enrichir car c’est une source fondamentale du savoir. Cela favorisera le brassage et les échanges culturels dans notre région. La culture ne peut se cloîtrer dans quelque activité d’animation. Elle appartient à tous et doit être portée par tous.
Revenons à la participation officielle de Béjaia dans le cadre d’Alger capitale de la culture arabe 2007. Quels seront vos partenaires pour cette occasion ?
l Après un diagnostic exhaustif de l’état du secteur, nous avons mis en marche le cadre d’intervention de nos partenaires. Pour ce faire, un comité de pilotage de la semaine culturelle d’Alger qui débutera le 28 mai prochain, est installé par nos soins. Constitué d’hommes de culture de la wilaya et de cadres de notre direction, ce dernier a pour mission de préparer, et de suivre le bon déroulement de l’événement. Des personnalités de grandes valeur tant artistiques qu’humaines prendront par à cette activité. Elles dirigent des structures culturelles de la wilaya, à l’instar de Omar Fetmouche, directeur du Théâtre régional, Hamida Aït El Hadj, directrice de la Maison de la culture, ainsi que d’autres. D’autre part, nous avons tenu à impliquer le mouvement associatif dans cette activité. Des associations culturelles actives dans le domaine sont invitées à se rapprocher de la commission de pilotage. Si ce n’est le délai qui nous presse, il n’y aurait pas de limite quant aux choix des partenaires, et le programme comprendra diverses activés. Pour ce faire, nous avons opté pour un plan de travail très étudié, scindé en deux volets : exposition et animation culturelles.
Sur quels critères seront choisis les associations et les organismes participants ?
l Trop de culture n’épuise pas un champ fertile. Pour ce faire, un appel est d’ores et déjà lancé à tous les acteurs de la culture de la wilaya. Les artistes et hommes de culture et de savoir sont invités à y prendre part. Bien que le choix ne s’est pas porté sur un programme quelconque, sachez que c’est ce que choisira le public qui sera sélectionné. C’est-à-dire, le choix se portera sur tout ce qui fait la renommée de Béjaïa. Le théâtre a sa place aussi dans cette manifestation. Nous voulons rehausser l’image de la région à l’extérieur, et cela ne peut se faire sans la contribution de chacun. L’université participera également à travers des conférences qui seront données sur Béjaïa, sa science et sa culture.
Pour ce rendez-vous du 28, une palette d’activités culturelles est en vue. Pour ce qui est du volet exposition, des présentations seront offertes par de nombreux partenaires. Il y aura du cinéma, du folklore, de la musque, du théâtre et de la poésie. Pour l’occasion, la commission chargée d’organiser la manifestation a prévu quatre espaces d’exposition. Il s’agit de l’espace artisanal que la Chambre de l’artisanat se chargera de présenter en optant pour les métiers traditionnels de la région, un espace d’arts plastiques et un autre pour le patrimoine où les richesses matérielles d’un intérêt certain seront mises en valeur par des spécialistes, et d’un espace rénovations et projets lors duquel des conférences seront données sur l’histoire, la science, la technologie. Il faut savoir que tout ce qui a trait à la culture sera présent.
Entretien réalisé par Fatiha Lahiani