4 morts et 23 blessés à Boumerdès

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Chose révoltante, le GSPC est revenu hier encore plus meurtrier. Cette nébuleuse terroriste d’obédience salafiste a signé ce mardi, avant l’aurore, sa présence en planifiant simultanément leurs attentats à la voiture piégée et un autre à la bombe artisanale, au chef lieu de wilaya de Boumerdès et deux autres communes environnantes : Si-Mustapha et Souk El Had. Même stratégie diabolique, presque à la même heure. Bilan effroyable : 4 morts et 23 blessés dont trois grièvement.

L’attentat le plus spectaculaire s’est produit a-t-on précisé, à 4h45, à l’entrée ouest de Si-Mustapha, devant la brigade locale de la gendarmerie nationale. Abandonnée là par un commando terroriste, une voiture bourrée de TNT a explosé. Le siège de la structure sécuritaire en question est partiellement détruit. Et l’explosion a complètement déchiqueté quatre personnes qui passaient par là, à bord d’une voiture de type Renault express. Aucune trace de celle-ci au moment de notre virée à cet endroit. La devanture d’un salon de thé et d’autres maisonnettes de l’ex-Felix-Faure sont, elles aussi, endommagées. Selon les témoignages des villageois, cinq blessés dont une femme ont été dénombrés suite à cette forte explosion. Parmi les victimes, une vieille femme de 70 ans, touchée à la tête suite à l’écroulement d’un pan de mur de son habitation. “Mon voisin Djemaâ a été lui aussi atteint par les éclats de l’engin infernal”, s’écrie un quinquagénaire. Le siège de la sûreté urbaine du chef-lieu de wilaya a été également ciblé, presque à la même heure. Témoignages concordants : deux individus armée sautèrent, à cet instant précis, d’une voiture de marque Peugeat 406, puis prennent la fuite à bord d’un autre véhicule de type Partner. Piégée, la première voiture explose. Deux policiers qui assuraient la permanence ont été blessés.

On a du mal à les extraire des décombres de l’entrée principale du siège du commissariat, presque totalement détruit par l’engin de mort. Six autres personnes de passage seront également touchées par le souffle de la bombe de forte puissance entendue à 5 km à la ronde. Celle-ci a fait voler en éclats les vitres des édifices avoisinants. Triste spectacle ce mardi au centre-ville de Boumerdès. Les ruelles sont jonchées de morceaux de verre et de béton.

Les murs de certains immeubles sont noircis par le feu de l’explosion. La police scientifique ramassait, encore en milieu de journée, tout ce qui pouvait lui donner une idée sur le modus operandi des auteurs de l’attentat. Celui-ci a été aussi de toute apparence programmé pour faire un grand nombre de victimes. L’islamisme armé a clairement affiché hier encore sa capacité de nuisance, puisqu’il a ciblé à la même heure pour la seule région de Boumerdès, le siège de la brigade de gendarmerie à Souk El Had. Placé dans un sac en plastique, une bombe artisanale déposée à l’entrée de cette structure étatique de sécurité a fait trois blessés dont deux gendarmes et une femme (habitant le même immeuble). Les résidants de la cité voisine du 20-Aôut étaient encore sous le choc au moment de notre passage. La secousse provoquée par l’explosion a déclenché, pendant un court instant, la peur d’un cataclysme.

Mais l’on sut rapidement qu’il s’agissait d’un acte terroriste. Neuf personnes au total ont été atteintes par les éclats de la bombe. Selon les témoignages du maire et du chef de daïra, trois blessés évacués à l’hôpital de Thénia sont hors de danger. L’un d’eux ajouta “Allah Yestar” (que Dieu nous préserve). Mais un villageois, ayant appris que d’autres tueries se sont produites le même jour à Tizi Ouzou, serre les dents et lève son poing : “Pourquoi ce silence de la classe politique devant l’horreur orchestrée par l’islamisme?”, s’interroge-t-il. “Comment en finir avec le GSPC?”, se demande-t-on encore. La mouvance locale de cette organisation d’El Qaïda s’est déjà manifestée, durant les deux dernières semaines. Attentat à l’arme automatique ayant coûté là vie à l’ex-mairie RND de Benchoud, juste après une explosion au stade de cette municipalité. Deux bombes à Ouled Aissa sans faire de victimes, une autre désamorcée à Baghlia. Et trois jours auparavant, l’explosion d’une voiture piégée a grièvement blessé, à Zemmouri, un ex-élément de la sécurité militaire. A ces tueries s’ajoutent les rackets et rapts suivis d’exigences de rançon, portant tous le sceau du GSPC.

Salim Haddou

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