Il en est de la disponibilité des produits, avant et pendant le Ramadhan, comme de la situation de l’Egypte antique, celle des Pharaons, version biblique : aux années de vaches grasses succèdent celles de la disette et des vaches maigres ! Ainsi, l’année dernière, le marché de la viande était ravitaillé plus que de raison en produits congelés, viandes et poissons frais d’importation et viande locale, à la grande satisfaction du consommateur au faible pouvoir d’achat qui avait véritablement l’embarras du choix. Quant aux prix, concurrence oblige, ils étaient tirés vers le bas et la fourchette de 270 DA le kg pour la viande congelée de premier choix à 480 DA pour la viande fraîche d’importation, d’excellente qualité, était plus que raisonnable.Cette année, les choses se présentent autrement et les prémices palpables, de l’arrivée de turbulences ont fait leur apparition depuis plusieurs mois. La première alerte a coïncidé avec la brusque disparition des étals de la viande bovine congelée. Des arguments ont été avancés tendant à justifier la raréfaction du produit carné par le virage opéré par les opérateurs nationaux au niveau des sources d’approvisionnement : l’Uruguay s’étant substitué au véritable géant que représente l’Argentine. Avec à la clé, la promesse ferme de réguler le marché et de restaurer l’abondance. Entre-temps, la filière avicole, grippe aviaire oblige, a à son tour été frappée de plein fouet par une crise ayant même conduit dans certains cas à l’abattage de milliers de volatiles. Avec l’introduction de nouvelles règles, obligeant les aviculteurs au recours systématique, pour l’abattage, aux services des abattoirs, les prix ont connu une hausse vertigineuse, dépassant les 300 DA/kg avant de se stabiliser aux alentours de 220 DA.Revenons à la viande pour dire que le marché a pris un sérieux coup et que l’abondance promise demeure un vœu pieu. Beaucoup de revendeurs ont baissé le rideau. Et même le plus gros importateur de la place n’importe plus grand chose, se contentant d’offrir de la viande de deuxième choix. Quant aux poissons, ils ont été remplacés dans les étals par… des petits pois écossais…Une autre chaîne, dépendant d’un opérateur d’Akbou continue à mettre sur le marché, vaille que vaille, de la bonne viande bovine avec toutefois une réserve sur les prix qui demeurent élevés pour les modestes bourses.S’il est vrai que la qualité a un prix, il n’en demeure pas moins que pour une poignée de dinars en sus, le consommateur peut s’offrir de la viande fraîche locale.En fait, depuis le coup d’arrêt imposé à l’importation de produits frais, la viande locale trône en bonne place dans les frigos des méga-boucheries de la place. Ainsi, Bougie-viande, pour ne pas le nommer, offre ce produit à partir de la base acceptable de 400 DA/kg, contre 340 DA pour la viande bovine et ovine congelée.Nos investigations ont débouché sur une conclusion effarante : c’est tout le secteur, la filière entière qui sont en crise. Si en 2003, il a été recensé sur le territoire national 54 importateurs de viande et poisson congelé, il n’en reste aujourd’hui que neuf ! Il semblerait que la caution de deux milliards de centimes, exigée préalablement à toute importation comme garantie, est la cause du jet de l’éponge par la majorité des intervenants dans ce secteur. Par ailleurs, les achats massifs opérés par les ex-démocraties populaires de l’Est, ont contribué à la hausse des cours mondiaux. Ce qui n’est pas sans incidence sur les prix à la consommation sur le plan national. Un autre facteur est mis en avant par nos chevillards : la raréfaction des entrées entraîne l’absence de concurrence et par lien de causalité l’envolée des prix. Élémentaire !Toutes ces données n’augure absolument rien de bon pour le Ramadhan qui est à nos portes. Une chose semble acquise : la chorba des petites bourses risque d’être bien fade cette année.
Mustapha Ramdani