l Une vaste opération de lifting de la ville d’Ighzer-Amokrane est entreprise depuis plusieurs semaines. Les travaux d’embellissement sont menés à une cadence effrénée, se démarquant de la traditionnelle inertie propre à nos ouvriers. Aux quatre coins de la cité, on s’affaire au pavage des trottoirs, à la pose de nouvelles bordures, l’enfilade d’arbres sur les principales artères…Tout semble bien parti pour “aseptiser” l’itinéraire qu’empruntera la délégation officielle qui s’y rendra à l’occasion du 20 Août en lui exhibant une surréaliste ville en trompe-l’œil. Car à quel dessein s’évertue-t-on à travestir une réalité peu valorisante, celle d’une ville lépreuse, sinon à entretenir des allégeances et plaire à qui de droit ? Il y a, assurément, quelque chose d’indécent à dilapider les derniers publics dans le prestige et le futile dans une région où on serait à la peine à additionner ne serait-ce que l’hétéroclite et le dérisoire en matière d’infrastructures et de commodités de base. De telles opérations ne bousculent pas l’entendement quand le laminage des petites gens a atteint son paroxysme ? Hélas, par une espèce d’alchimie à rebours, nos braves responsables finissent souvent par jeter l’argent public par les fenêtres quand celui-ci coule à flots. C’est tellement plus commode. La prodigalité et le gaspillage sont décidément ce qui se fait de mieux chez nous. Des sacerdoces et de vraies philosophies !
Nacer Maouche