Invités es-qualité par notre confrère sportif Echibek, ils ont fait preuve d’une éloquence difficilement soupçonnable chez les gestionnaires du football, dont l’altitude flirte en général avec le niveau de la mer. même s’ils n’ont pas dit comment la JSK s’y prendrait pour respecter à la lettre le calendrier de cette fin de championnat avec ses nouveaux engagements africains, ils en appellent à la sagesse des président — comprendre le président Hannachi — pour qu’il en soit ainsi “pour ne pas léser les autres clubs”. En l’occurrence, c’est pourtant la JSK qui ne doit pas être lésée par une programmation dans laquelle elle n’est pour rien et dont le seul tort est d’être encore là pour deux titres nationaux et un autre continental. Une fois cette parenthèse fermée, MM. Allik et Zetchi — M. Farah étant là sans pratiquement intervenir — ont posé les véritables problèmes du foot algérien, tout en esquissant parfois les solutions. Il fallait évidemment commencer par les conditions de création de ce forum, ses objectifs et les perspectives de son élargissement organique. “Emanation de la volonté de certains présidents de créer un espace de rencontre et de communication pour une plus significative implication dans la gestion des affaires du foot”, ce forum n’en est pas moins un moyen de protection des présidents “accusés de tous les maux du foot alors que 99% d’entre eux sont des bénévoles qui donnent de leurs temps, de leur argent et de leur santé”. Il y avait pourtant quelque impuissance dans la bouche du président et de ses lieutenants face à quelques difficultés et l’ampleur de certains fléaux. Moraliser le foot ? Bien sûr. Mais face à la corruption, il faut des preuves, et les preuves sont souvent impossibles à trouver. La surenchère dans les transferts des joueurs ? Il faut parvenir à des critères d’estimation où la valeur intrinsèque l’emportera sur la valeur marchande. Même si le forum est surtout envisagé comme force de proposition, ses initiateurs ne renoncent pas pour autant à la revendication. Ils précisent quand-même qu’il ne s’agit pas de : “Partir en guerre conter quiconque ni de se substituer aux instances dirigeantes du football algérien”. Le forum des présidents de clubs fait par ailleurs preuve de prudence et de réalisme : “Nous ne sommes pas là pour régler tous les problèmes, ni nous ingérer dans les problèmes internes des clubs, mais pour prendre en charge les questions communes. Voir ce qu’on peut faire ensemble”. Les questions communes, ce sont les assiettes de terrain qu’ils attendent toujours de l’ENTV, le professionnalisme qui ne se décrète pas, l’Etat qui doit accompagner les clubs vers la restructuration et d’autres formes de gestion, l’investissement privé dans le foot… Sur tous ces points le constat est amer. Un hectare de terrain, c’est nettement insuffisant mais il faut le prendre en attendant mieux. Aucun club n’a reçu un centime de l’ENTV depuis deux ans; De lourdes sanctions sont prévues à l’encontre des clubs qui empêcheraient la télé d’accéder au stade alors que rien n’est prévu à l’encontre de l’ENTV qui ne respecte pas ses engagements contractuels. Aberrant. Les clubs n’ont rien — donc aucune garantie — pour attirer d’éventuels repreneurs. Les critères d’éligibilité des présidents, ils en parlent avec un évident fatalisme. Avec le schéma de fonctionnement actuel, ils admettent que les assemblées générales ne sont pas souvent représentatives il faut donc passer à autre chose. Les clubs doivent appartenir à leurs actionnaires dont les présidents seront logiquement l’émanation. En attendant tout ça, le forum a le mérite de voir le jour et promet d’y travailler. Vaste programme à la mesure de l’ampleur des dégâts.
Slimane Laouari