«Les motifs du refus sont insensés et aberrants»

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Les organisateurs du festival du théâtre amazigh d’Aghbalou sont montés au créneau pour dénoncer le refus du maire de la localité de délivrer les autorisations nécessaires pour la tenue de la 3e édition de cet événement culturel. Un refus assimilé à une volonté de «casser» la culture et étouffer dans l’œuf toute velléité d’animer ou de créer. «Nous jugeons les motifs de ce refus d’insensés et la décision du maire de gravissime, d’autant qu’elle émane d’un militant du RCD, un parti qui a de tout temps milité pour la culture», ont déclaré les membres du comité d’organisation. Dans une déclaration rendue publique par l’association du théâtre et des arts «Assayas», ayant succédé à l’association Ithran dans l’organisation de cet événement, les membres de ladite association se disent «surpris par le refus notifié par le P/APC avec un sixième point des plus aberrants». «Une demande d’aide et un avant-projet détaillé ont été déposés au niveau de l’APC d’Aghbalou. À notre grande surprise, un refus nous a été notifié par le P/APC avec un sixième point des plus aberrants», est-il souligné dans la même déclaration. Ce sixième point avancé par le maire RCD d’Aghbalou dans sa réponse à l’association Assayas, sous forme de courrier, met en exergue «la démotivation et le désintéressement des citoyens par rapport à ce genre de manifestations». Cette raison est assimilée par les organisateurs à une «humiliation» et à une «insulte à l’intelligence» de la population. Pour preuve, les organisateurs ont évoqué un engouement de la population lors des deux dernières éditions lesquelles avaient, selon eux, drainé entre 2 000 et 3 000 personnes, chaque soir. Pour eux, cet argument, s’il en est un, ne tient pas la route. «Bien au contraire, la population d’Aghbalou a soif de ce genre d’activités», clament-ils. Pour les autres raisons évoquées par le maire, les organisateurs disent qu’elles sont loin d’être convaincantes. À commencer par le manque de ressources financières de l’APC pour supporter ces rencontres culturelles. À ce sujet, les organisateurs expliquent que la procédure veut qu’une quelconque demande pour la tenue d’un tel événement exige un devis estimatif des dépenses. Aussi, soutiennent-ils, l’APC d’Aghbalou n’a pas financé les deux dernières éditions et il a été fait recours à un autofinancement. Pour ce qui est de l’absence des structures, les organisateurs jugent que cela n’est pas un prétexte pour empêcher un événement culturel. «C’est plutôt aux autorités qu’il incombe de mettre en place les structures nécessaires. Ceci dit, il existe toujours des structures palliatives où activer», avancent les organisateurs. Concernant la vétusté de l’école primaire, M. Terrad, commissaire des deux éditions du festival et membre organisateur de l’événement, souligne que l’école primaire sollicitée a eu à accueillir deux éditions sans qu’aucun incident ne soit signalé. «D’habitude, on utilise la cour et la cantine de l’établissement scolaire. Je peux vous assurer que celles-ci sont en bon état», a-t-il indiqué. L’autre raison avancée par le maire et relative au manque de sécurité. Les organisateurs la jugent irrecevable d’autant plus que l’activité se tient dans un paisible village et non dans une ville très animée. «Les services de sécurité sollicités lors des deux derniers éditions ont veillé au bon déroulement de l’événement qui s’est d’ailleurs passé dans de bonnes conditions», soutient l’un des organisateurs. Avant d’ajouter : «N’est-il pas du rôle de l’Etat d’assurer notre sécurité et celle des citoyens ?». Revenant sur cette troisième édition du festival, les organisateurs rappellent : «Le seul et unique objectif de celle-ci est son institutionnalisation définitive dans le patrimoine culturel national». Cependant, et depuis le refus du maire, les organisateurs se sont tournés vers les autorités de wilaya. «Nous nous sommes entretenus avec le SG de la wilaya, le P/APW et des responsables de son cabinet. Des demandes d’autorisations ont été déposées par nos soins auprès de ces services et ceux de la direction de l’éducation de Bouira. Nous attendons toujours des réponses à notre requête», confie M. Gasmi, président de l’association Assayas. Les membres du comité de l’organisation du festival ne perdent pas espoir et se disent confiant quant au dénouement de la situation. Il utile de souligner que la décision du refus de la tenue du festival a suscité un vaste mouvement de soutien des artistes, comédiens, metteurs en scène et intellectuels à travers le pays. Une pétition intitulée «Amis du théâtre, mobilisons-nous» a été signée par près de 2 000 habitants d’Aghbalou. Par ailleurs, les organisateurs font savoir qu’ils annoncent la tenue d’une marche suivie d’un sit-in devant la daïra de M’Chedallah, aujourd’hui et demain, pour appeler au maintien du festival.

D. M.

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