La 8ème édition de la Fête de l’olivier, organisée, par l’association culturelle Tigjdit et le comité du village, avec l’apport de l’APC et de l’APW de Tizi-Ouzou, du 21 au 23 mars, a été une réussite.
Le programme tracé est respecté, les exposants ont tous répondu à l’invitation. Les animateurs des conférences prévues n’ont pas dérogé à la règle, et les artistes conviés, pour égayer l’assistance et créer une ambiance des grands jours, ont eux aussi répondu présent. En somme l’événement a été d’une grande réussite. Pour rappel, l’ouverture officielle, intervenue mercredi dernier, a été assurée conjointement par le P/APW de Tizi-Ouzou, Le P/APC de Mâatkas, Le chef de Daïra et de nombreux représentants des directions concernées. Après la visite de l’exposition, composée essentiellement de l’huile d’olive de Mâatkas, à côté d’autres produits du terroir et d’autres objets artisanaux comme la poterie, (une autre spécialité de la région de Mâatkas), la robe et le bijou Kabyle, le miel, le gâteau traditionnel, l’art culinaire assuré sur le site par les vielle femmes du village, le livre, qui, cette année, a été d’une forte présence, et plein d’autres produits du terroir ont été exposés sur trois sites, à savoir, la grande salle du comité, le 1er étage de la même salle et l’école primaire jouxtant la salle. En somme, plus d’une soixantaine d’exposants y ont étalé leurs multiples produits. Il était aussi question de chants et de théâtre. Le P/APC de Mâatkas avait déclaré que «L’olivier et l’huile d’olive sont une des richesses de notre commune classée première en terme d’importance de la superficie occupée par les oliveraies au niveau de notre wilaya. C’est pourquoi nous appelons les responsables concernés à mettre le paquet pour promouvoir, rentabiliser et rajeunir nos oliveraies.» Un des représentants des services de l’agriculture a indiqué «Nos services sont déterminés à faire le nécessaire pour développer l’agriculture et notamment l’oléiculture à travers notre wilaya.» A rappeler que des sorties sur le terrain ont eu lieu pour planter quelques arbustes et procéder à plusieurs opérations de greffage en présence de jeunes enfants
Exposition, chants et conférences
Au deuxième jour de la manifestation, la fête a atteint sa vitesse de croisière. L’affluence était beaucoup plus nombreuse, au grand bonheur des exposants qui ont, faut-il le signaler, vendu en grandes quantités leurs produits. Un oléiculteur du village d’Ait Zaim a indiqué à ce sujet «Cette manifestation est venue à point nommé. J’ai vendu presque la totalité de ma réserve. Dorénavant, les organisateurs feront du bien en portant cette fête à au moins, une durée d’une semaine.» Un apiculteur qui propose un miel de qualité à 4000 da le kilo a confirmé «Cette manifestation est à saluer, les organisateurs sont à remercier. J’ai vendu une quantité appréciable de mon stock de miel.» Un autre exposant de livres «Les ventes sont considérables, j’ai fait un chiffre d’affaires que j’ai l’habitude de faire en un mois. J’ai surtout vendu des livres pour écoliers.» Les couturières, les vendeuses de gâteaux et autres vendeurs de bijoux sont tout autant satisfaits. «A l’approche de la saison estivale, les familles qui s’apprêtent à célébrer des fêtes de mariage n’ont pas manqué de prendre nos numéros de téléphone pour nous joindre et passer leur commandes», a indiqué une couturière. Cette 8ème édition de la fête de l’olivier a été mise sous le slogan «quel avenir pour l’huile d’olive de Kabylie?» Les organisateurs ont également prévu des ateliers et des démonstrations de plantation, de greffe et de taille d’oliviers. L’extraction traditionnelle de l’huile d’olive, son analyse et son utilisation dans la cuisine kabyle ont été au menu. Des communications sur le secteur oléicole, ses contraintes, ses enjeux et ses défis, sur la qualité de l’huile d’olive (conception scientifique et vision sociale et culturelle de la société Kabyle), la valorisation du grignon et l’oléiculture algérienne ont été assurés par des professionnels du secteur oléicole. Les organisateurs n’ont pas oublié le côté animation puisque du chant, du théâtre et des projections ont été organisés.
«Plus de moyens pour améliorer la qualité et la quantité»
Pour améliorer la qualité et la quantité de l’huile d’olive, des paysans et des oléifacteurs que nous avons questionnés, lors de la 8ème édition de la fête de l’olivier, demandent plus de moyens et d’aides pour parvenir à une huile extra vierge ou à un degré moindre d’acidité, pour permettre sa labellisation et son exportation. Un propriétaire d’une huilerie traditionnelle à Mâatkas fera remarquer que «Pour extraire une huile de qualité et sans acide, il faut d’abord, contrairement à nos croyances locales, entamer la récolte au mois d’octobre ou au plus tard au début de novembre tant que le fruit est vert.» Un autre propriétaire ajoutera dans le même ordre d’idées «Nous avons chez nous l’habitude d’attendre le mois de décembre pour que le fruit devienne noir, c’est une erreur car, à ce stade, le fruit est acide. En plus, nous devons éviter l’utilisation des sacs pour l’entreposage du fruit car les sacs que les paysans utilisent ne permettent pas l’aération des olives, ce qui favorise leur pourrissement et augmente le taux d’acidité. Il est temps de passer à l’utilisation de caissons.» Un autre propriétaire parlera, lui de «La période de stockage du fruit ne doit pas dépasser 48 heures. Dans les pays producteurs d’huile d’olive, le broyage et l’extraction se font le jour même. Il est aussi demandé de ne pas blesser les fruits pour améliorer la qualité et la quantité de l’huile. C’est de cette manière qu’on obtient une huile de bonne qualité. Des formations et des moyens au profit des paysans sont indispensables pour améliorer la quantité et la qualité de notre huile qui peut constituer un apport économique considérable non seulement pour la région mais au pays tout entier.»
Des satisfactions et des attentes
Un des organisateurs que nous avons rencontré en marge de la cérémonie n’a pas manqué de signaler «Comme vous avez pu le constater, la fête a été d’une grande réussite et a drainé plusieurs milliers de visiteurs. Les artisans exposants sont eux aussi satisfaits puisqu’ils ont vendu de grandes quantités soit d’huile ou d’autres produits. Nous tenons avant tout à remercier nos villageois qui n’ont pas raté de montrer leur disponibilité et leur légendaire sens d’hospitalité. Un grand merci à L’APW de Tizi-Ouzou qui continue d’être à nos cotés et qui, sans son aide, la fête n’aurait pas lieu. Notre APC est également à remercier pour sa grande contribution. Merci beaucoup à tous les artisans et surtout à votre quotidien qui fait un travail très remarquable. Rendez-vous, l’année prochaine.» Un autre organisateur indiquera que « L’olivier et l’huile d’olive ont toujours été présents dans notre société. L’apport de l’huile d’olive a été capital dans notre survie, notamment pendant la période coloniale, car elle constituait la seule richesse de nos grands parents. Aujourd’hui, hélas, cette filière si importante est toujours au stade traditionnel. La cueillette, la transformation se font toujours de la même manière. L’évolution et la modernisation tardent à se faire. A Mâatkas, une région oléicole par excellence, on peut assurer non seulement l’autosatisfaction de notre région, mais aussi celle de toute la wilaya et pourquoi pas passer à l’exportation, à condition de mettre tous les moyens pour préserver, promouvoir et moderniser cette filière. L’état et les services concernés sont appelés à mettre les bouchées doubles pour participer à la régénération du parc oléicole de Mâatkas dont une bonne partie part en fumée durant les saisons de grandes chaleurs. Qu’une pareille région ne dispose pas d’une unité de protection civile, est inadmissible. Il faut aussi assurer la formation des paysans et les doter de moyens modernes pour assurer une bonne récolte. Ici, on continue d’utiliser la gaule et les sacs en plastique pour transporter et emmagasiner les olives, c’est une aberration. Il faut aussi encourager l’installation des huileries modernes et d’unités pour encourager la production de l’huile et des produits de l’olive ».
Hocine T.