«Il faut des encadreurs qualifiés pour les jeunes»

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À travers cet entretien, le coach de l’US Tala-Athmane confirme sa reconduction à la tête du staff technique de l’équipe pour une autre saison et évoque les objectifs qu’il se fixe avec la direction du club.

La Dépêche de Kabylie : Pour commencer, quel bilan faites-vous de la saison écoulée ?

Aïssam Badaoui : Nous avons entamé la saison en retard, il y avait un manque de préparation. Il n’y avait même pas eu de matchs amicaux. Nous avions à peine un mois pour aborder la saison, ce qui est insignifiant pour une équipe qui veut jouer les premiers rôles. Nous avons commencé par la coupe sans qu’il y ait une bonne cohésion entre les joueurs. Puis nous avons abordé le championnat dans des conditions que je qualifierai d’acceptables, surtout les sept premiers matchs où l’équipe n’a concédé aucune défaite. A partir de là nous avons créé un contexte de concurrence et notre équipe est devenue la cible de tout le groupe : nous étions la formation à abattre.

Considérez-vous avoir atteint les objectifs tracés ?

Effectivement, nous avions un objectif. Les dirigeants m’ont chargé de former une bonne équipe pour la saison 2017-2018. Les joueurs étaient à 95% issus de notre village, Tala Athmane. Et vu l’objectif assigné, j’ai donné la chance à tous les éléments du groupe afin d’avoir une idée sur leurs capacités réelles. Mais au fil du temps, des soucis ont commencé à faire surface. Un certain égoïsme s’est emparé de quelques joueurs qui n’admettaient pas de laisser une chance aux autres. Ce comportement a influé négativement sur la suite du parcours. Mais avec le concours de tout le monde, nous avons réussi à remonter la pente et à nous classer parmi les 5 meilleures équipes de notre palier. Notre plus grand souci reste le stade qui n’est pas encore homologué, faute d’équipement et vu l’état du terrain. Nous jouions tous nos matchs à l’extérieur sur des terrains en tartan, et nous nous entraînions sur un terrain en tuf. Cet état de fait nous a beaucoup pénalisés. Parfois, nous parvenions à faire quelques séances d’entrainement au stade de Tiplakin, mais celui-ci était occupé par deux autres équipes de la région d’Aït Aissa Mimoun, il était donc difficile de dégager une tranche horaire qui nous convenait pour l’entrainement. La seule solution est la mise en conformité du stade de Tala Athmane.

Avez-vous déjà discuté avec les dirigeants de ce que seront vos objectifs pour la saison prochaine ?

Pour la saison prochaine, nous jouerons pour l’accession. A cet effet, nous allons faire appel à d’autres joueurs de l’extérieur du village. Nous avons décidé de garder les bons éléments de l’ancienne équipe, notamment les jeunes, et nous allons la renfoncer avec d’autres joueurs de qualité. Nous avons déjà entamé des discussions avec quelques éléments des villages voisins et des étudiants de l’université de Tamda. Le but est de ne pas avoir de frais de déplacement en plus. Une chose est certaine, nous allons débuter la préparation à temps et avec une bonne équipe capable d’accéder au second palier. Je tiens à signaler également l’arrivée au staff technique de deux entraineurs de talent, Driss Ouanouche, un diplômé, qui va me seconder et Mourad Atmane qui s’occupera des gardiens de buts.

À propos justement de diplômes, on croit savoir que vous avez fait des études en sport à l’université…

Quand j’ai eu mon BAC, mon père voulait que je fasse de la comptabilité comme lui. J’ai alors exaucé son vœu et suivi une formation en TS de comptabilité. Mais ma passion pour le sport m’a poussé à repasser mon BAC et poursuivre des études en sport à l’université de Chlef. J’y ai fait mon Master en entrainement sportif, un diplôme reconnu pour diriger une équipe de football. En plus, il y avait parmi mes enseignants à l’université des entraîneurs des équipes de la première division du championnat national. Notre cursus était théorique et pratique au même temps. Actuellement, je fais appel à eux à chaque fois que j’ai besoin d’un conseil, notamment un docteur en EPS et un excellent préparateur physique. Celui-ci a d’ailleurs exprimé le vœu de travailler dans le staff technique de la JSK. Par ailleurs, en plus d’être entraîneur de l’USTA, je suis aussi un enseignant d’EPS au lycée d’Aït Aissa Mimoun. J’ai fait de ma passion mon métier.

En tant qu’éducateur et enseignant d’EPS, avez-vous un message à adresser aux parents réticents à envoyer leurs enfants faire du sport ?

Il y a en effet des parents qui voient le sport d’un très mauvais œil. Dans certains cas, les encadreurs ne sont pas diplômés et n’ont même pas des notions de base en éducation, ce qui peut inciter les enfants à de mauvais comportements. Et quand il s’agit des petites catégories, le résultat est catastrophique et à long terme. Et nous en constatons, malheureusement, les conséquences dans les stades. Mais quand les petits sont bien encadrés, par des diplômés, de vrais éducateurs, le résultat est tout autre. Je cite comme exemple notre équipe des minimes qui est drivée par Driss Ouanouche. C’est une équipe exemplaire, tous les éléments sont biens éduqués et se respectent entre eux. C’est là la vraie vocation du sport. Un entraîneur doit aussi avoir des notions de psychologie pour mener sa mission convenablement. Le sport ne peut être un obstacle pour les études, au contraire, c’est un adjuvant, il libère les enfants des situations de stress et de surmenage. Il leur procure des moments de divertissement, de joie et de détente. Il sert à canaliser l’énergie des enfants. C’est le cas aussi pour les élèves en classe. En parallèle des cours, ils ont besoin de se détendre au moins deux heures par semaine. Et ça, les parents doivent le prendre en considération et le comprendre. En conclusion, le sport est bon et pour la santé et pour les études.

À votre avis, quelle est la principale cause de la violence dans les stades ?

Comme je viens de l’expliquer, la violence commence dans les petites catégories, quand les enfants sont mal encadrés. On ne doit pas faire appel à n’importe pour les entraîner. Il faut que les encadreurs aient un minimum de formation dans le domaine. On fait appel parfois à un ancien joueur chômeur sans qualification, qui était lui-même agressif dans les stades à son époque, et on lui confie toute une génération de bambins. Ce genre de soi-disant entraîneurs n’ont qu’une chose en tête : battre l’équipe adverse à tout prix même en usant de méthodes antisportives. Et l’on peut espérer quoi des enfants qui ont ces énergumènes comme modèles ? Je pense qu’on doit revoir l’encadrement des équipes sur tous les plans. Les équipes doivent être encadrées par des personnes diplômées et qualifiées, si on veut réellement éradiquer la violence des terrains.

Entretien réalisé par Hocine Moula

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