«Vous êtes une grande dame»

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Un vibrant hommage a été rendu, avant-hier dimanche, à Mme Chafia Boudraa, alias « Aini » dans le feuilleton «El Harik » (L’incendie) adapté à la télévision par Mustapha Badie du roman « La grande maison » de Mohammed Dib.

Un hommage initié par le théâtre régional Kateb Yacine de Tizi-Ouzou, en présence des autorités locales, à leur tête le premier responsable de la wilaya, M. Brahim Merad, le président de l’assemblée populaire de la wilaya, M. Mohamed Klalèche, ainsi que nombreux artistes. Le wali déclarera à l’occasion : «Je suis heureux d’être en compagnie de grands artistes, particulièrement de cette grande dame. Lalla Aïni est une diva du cinéma algérien. Nous avons vécu en sa compagnie, à travers le petit écran. J’espère qu’elle sera un exemple pour cette génération et les générations futures». Il ajoutera : «Ce matin, elle était avec nous au carré des martyrs, pour se recueillir à la mémoire des héros de notre glorieuse révolution, à l’occasion du 08 mai 1945. Et je fus surpris de l’entendre chanter les 05 couplets de l’hymne national, ce qui témoigne de son nationalisme et de son amour pour l’Algérie». Le P/APW soutiendra quant à lui: «Votre personnage Aïni est ancré dans nos mémoires, votre courage, votre abnégation, votre participation à profusion et même votre présence lorsque beaucoup ont déserté la scène durant les années de feu et de plomb, font de vous un modèle et une figure incontournable du cinéma algérien…». Le P/APC de Tizi-Ouzou, M. Ouahab Aït Menguellet, dira à son tour : «J’espère que les chefs-d’œuvre dans lesquels vous avez joué seront traduits en Tamazight». S’en suivra une projection vidéo, retraçant les grands moments ayant marqué la carrière de l’actrice, enrichie des témoignages de comédiens avec qui elle a travaillé. L’autre grand comédien, M. Hacène Ben Zirari, également originaire de Constantine, confiera que le moment qui l’a le plus marqué dans la carrière de Chafia Boudraa c’est «lorsqu’elle a monté les marches du Festival de Cannes. J’étais très fier d’être algérien». M. Mohamed Adjaimi dira à son tour : «Vous êtes une grande dame, une sœur, une mère…». Ce dernier lui fera d’ailleurs cadeau d’un poème : «Ceci est un cadeau pour votre mari et les martyrs de la révolution», soulignera-t-il. Mme Amel Himer, qui a joué sa fille dans un film a raconté combien ce fut agréable pour elle d’apprendre aux côtés de cette grande comédienne qu’elle considère comme une mère : «C’est notre référence», dira-t-elle. M. Meziane Yala, dira d’elle : «Cette grande comédienne est aussi l’épouse d’un grand maquisard dont un quartier de Constantine porte le nom». L’hommage s’achèvera par un monologue intitulé «Liberté», interprété par Ahmed Chebouba, connu pour ses chansons humoristiques. Il tiendra à lui dédier une chanson de son cru pour la circonstance. Cette artiste au grand talent a, en effet, marqué toute une génération avec le célèbre personnage de «Aini» qu’elle a interprété avec brio dans le feuilleton «El Harik» (L’incendie) ou communément appelé «Dar Sbitar». Chafia Boudraa y a incarné le rôle d’une veuve désemparée qui se tuait au travail pour un salaire qui ne suffisait même pas à subvenir aux besoins élémentaires de sa famille. Avec des enfants et une belle mère malade à charge durant la guerre de libération nationale, elle fut à la fois la mère et le père. Le personnage de Aini est d’une grande sensibilité mais entrait dans des colères noires lorsque les choses n’allaient pas comme elle le souhaitait. Ce feuilleton dont les événements se sont déroulés à Tlemcen a été suivi par des millions d’Algériens. C’est en somme un véritable patrimoine national pour avoir décrit avec brio la souffrance du peuple algérien durant la période coloniale et sous les exactions du colonisateur. De son vrai nom Atika Latreche, Chafia Boudraa est née le 22 avril 1930 à Constantine. Veuve de chahid à l’âge de 30 ans, elle quitta sa ville natale pour Alger en 1964 où elle exercera différents métiers pour subvenir aux besoins de ses cinq enfants. Elle fut tour à tour infirmière, standardiste et gouvernante. Cette actrice de talent a joué dans d’innombrables films, entre autres «El Hariq» de Mustapha Badie, «Leila et les autres» de Sid Ali Mazif, «Une femme pour mon fils» d’Ali Ghalem, «Le thé à la menthe» d’Abdelkrim Bahloul, «Le cri des hommes» de Okacha Touita. Elle grimpa les marches du Festival de Cannes pour le film franco-algérien «Hors-la-loi» réalisé par Rachid Bouchareb. Elle incarnera également des rôles dans des pièces de théâtre comme «La misère apprivoisée» et «Cercle de craie».

Taous C

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