Ath Maâmar, un village exemplaire

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Ath Maâmar, l'un des villages les plus peuplés de la commune et du douar Boumahni, est le symbole de la solidarité dans cette région.

En effet, très bien organisés autour de leur comité les villageois n’attendent pas que les pouvoirs publics leur viennent au secours. Dans ce village, de nombreuses opérations de développement et de prise en charge des doléances des citoyens sont en cours à longueur d’année. Citons, par exemple, ces cours de soutien donnés gratuitement aux élèves des classes d’examens. Mais, ce qui tient à cœur les représentants du comité présidé par M. Mammeri Mohamed, dit Mouh Oukaci, est l’achèvement de ce grand projet lancé il y a de cela plus de dix ans, à savoir la maison de jeunes du village. Avant-hier, les villageois étaient au rendez-vous pour couler la dalle du rez-de-chaussée de cette énorme bâtisse. De très bonne heure, déjà les volontaires (plus de cent cinquante personnes) étaient déjà au rendez-vous. Alors qu’au deuxième sous-sol, les tables étaient garnies de gâteaux traditionnels et autres victuailles ainsi que du café du lait, du thé des jus et de l’eau minérale. «C’est une tradition chez nous. Quand il y a un volontariat (tiwizi), ce sont toutes les femmes du village qui mettent la main à la pâte. Chacune prépare un mets», nous dira le président du comité qui nous accompagnait sur les lieux. Pendant que la bétonnière ronronnait et que les jeunes la chargeaient de sable et de ciment, le cuisinier et d’autres aides préparaient le repas de midi (un couscous à la viande) comme l’exige la tradition. «Tout ce que vous voyez ici sont les dons des habitants du village. Personne ne peut rester en marge», ajoutera notre accompagnateur. Devant tout ce remue-ménage, nous demanderons à Mouh Oukaci de nous faire la genèse de ce projet. «C’est une bâtisse que nous avions commencée en 2002. Le terrain sur laquelle elle est construite a été acheté par le comité du village. Peu à peu, grâce aux dons et aux cotisations, nous avons pu, quand même, concrétiser les deux sous-sols qui sont actuellement exploités. Pour le premier sous-sol, il y a deux associations qui y activent. En plus du sport, il y a aussi un groupe de danse. Pour ce deuxième sous-sol, là où nous sommes actuellement, c’est une salle qui sert aux fêtes du village. Là nous organisons des activités telle, par exemple, la célébration des fêtes nationales et autres rendez-vous», enchaînera notre interlocuteur. Quant à la dalle d’aujourd’hui, nous dira un autre intervenant, en la personne de Hamid, c’est le rez-de-chaussée parce qu’un autre niveau est prévu au dessus. «L’APW nous a accordé un million de dinars. Mais, au moment de débloquer cet argent, le contrôle financier de Draâ El-Mizan a exigé un document prouvant que c’est un équipement public. Or, ce document ne peut exister parce que c’est une structure réalisée par le village. Et c’est ainsi que cette subvention a été bloquée. Nous avons fait des démarches avec le maire en allant jusqu’à la direction générale des finances d’Alger, en vain. Il y a eu des promesses mais qui sont tombées dans les oreilles d’un sourd», précisera ce deuxième interlocuteur. Interrogé comment, finalement, cette dalle est coulée, M. Mammeri Mohamed nous confiera que c’était grâce au concours du comité des émigrés de France. «Nous avons un comité actif en France. Je peux même vous donner le montant de la somme collectée. Celle-ci s’élève à 940 millions de centimes. Dieu merci, nous avons atteint cet objectif en espérant que le reste ne sera pas difficile tant qu’il y aura des donateurs, des hommes, de la volonté et de la solidarité», conclura le président du comité. De son côté un troisième membre nous apprendra que les représentants du village souhaitent que le transfert du million de dinars accordé par l’APW vers des opérations d’assainissement soit réel. «En tout cas, notre comité a déjà réalisé un moment dédié aux 38 martyrs de notre village ainsi que cette maison de jeunes. Nous nous occupons des cimetières du village et d’autres petites opérations. Nous sommes décidés à aller de l’avant», dira, enfin, Hamid. Pour rappel, Ath Maâmar est un village martyr. Il a été entièrement rasé par l’aviation coloniale le 12 avril 1957, parce que la force coloniale le considérait comme étant un village rebelle d’une part, et parce qu’aussi c’était d’Ath Maâmar que les embuscades étaient préparées à convoi militaire comme l’avait démontré le futur capitaine, Slimani Moh Ouslimane, qui avait abattu le capitaine Moreau à bord d’une jeep militaire en inspection dans le village.

Amar Ouramdane

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