La descente aux enfers du dinar

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C’est une implacable descente aux enfers qu’a amorcé depuis quelques semaines, le dinar sur le marché informel des changes. Ces derniers jours, un euro s’échangeait contre 185 da à l’achat et 183 da à la vente. «La demande en devises européenne n’a jamais été aussi forte, face à un dinar en surliquidité et qui ne cesse de perdre du terrain», atteste le gérant d’un bureau de change d’Akbou. Si l’orientation à la baisse de la parité du dinar face à l’euro ne date pas d’hier, sa fluctuation baissière s’est considérablement accentuée au cours de ces derniers mois. Chaque nouveau record de flambée est pulvérisé presque aussitôt établi. «Le taux de change est régi par la loi de l’offre et de la demande, en fonction du jeu spéculatif auquel se livrent les acteurs du marché», souligne un expert en fiance, signalant que la dégringolade du dinar traduit une pression accrue sur la devise. Des acteurs de cette bourse informelle nous font savoir que le marché est principalement alimenté par les revenus de l’émigration. Il est, par ailleurs, relevé une tendance au tarissement de la source délictuelle issue notamment des opérations de surfacturation des biens d’équipement et de consommation. D’un autre côté la méfiance qu’inspire un dinar en constante dépréciation et l’effet psychologique induit par la crise, ont fait naitre des reflexes de thésaurisation en euro ou en dollar. «Cette tendance à placer son investissement dans ces monnaies-refuges, dope le marché des devises et génère leur flambée», confie un cambiste d’El Kseur.

À en croire certains intervenants, de nouvelles catégories de demandeurs ont fait irruption dans cette sphère informelle, créant un appel d’air et, partant, un raffermissement des cours de la devise. «À côté des clients algériens traditionnels, il y a de plus en plus d’étrangers comme les subsahariens et les chinois qui s’approvisionnent en grosses quantités de devises, pour, ensuite, les rapatrier dans leurs pays d’origine», révèle un intervenant de Tazmalt ayant pignon sur rue sur la place. Bien des observateurs s’accordent à dire qu’au regard de l’affaissement des recettes en devises engrangées par l’Etat et la poussée inflationniste qui prévaut, la dérive du dinar n’est pas près de s’estomper. Bien au contraire.

N. Maouche.

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