Prédilection pour les cours de soutien payants

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En dépit des recommandations du ministère de tutelle de lutter continuellement contre les cours payants, par l'amélioration de la pratique pédagogique en classe, ce phénomène persiste et prend de l'ampleur.

Dans la plupart des lycées, et ce, selon les échos qui nous sont parvenus de Boumerdès à titre d’exemple, les élèves ne profitent pas, comme naguère, de ces jours de vacances d’hiver pour la révision pour le Bac. Celle-ci s’effectue, par contre, pour chaque matière, chez des précepteurs, lesquels exigent en contrepartie une somme mensuelle ou hebdomadaire de chaque élève. Mais pourquoi les scolarisés désertent-ils leurs classes initiales, où ils bénéficient, pourtant, d’un enseignement gratuit chez leurs propres professeurs qui peuvent parfaire leur niveaux d’apprentissage, en comblant graduellement leurs lacunes ? Les avis des enseignants sont mitigés sur une telle question. Ceux qui s’adonnent à ce travail parallèle font état à l’unanimité de leur besoin impérieux d’arrondir leurs fins de mois, ou de réaliser certains projets pour leur propre famille. L’on a vu, ainsi, ces fonctionnaires de l’éducation de double emploi de ce type qui ont, à titre d’exemple, non seulement pu changer constamment de voiture, toutes rutilantes les unes que les autres, mais aussi construire des villas après quelques années. Ceux, par contre, qui s’opposent fermement à ces cours de soutien scolaire parallèle, et ils sont très minoritaires, veulent conserver leur personnalité d’enseignant, transcendant toute qualité matérialiste. «J’ai choisi ce métier noble d’enseignante et la noblesse ne rime point avec la passion effrénée de l’argent», répétera souvent une professeure d’Espagnol à ses collègues au lycée des frères Draoui du centre-ville de Boumerdès. S’attachant à son idéal, cette enseignante fustige à juste titre ces dispensateurs de cours parallèles, sans prendre la moindre récréation, à des séries de classes surchargées, pour gagner plus d’argent en fin d’après-midi, souvent dans des garages. Dans cette unique pièce d’un rez-de-chaussée à l’ex cité des 800 logements du centre-ville de l’ex Rocher Noir, des terminales scientifiques se relaient pour une séance hebdomadaire de physique d’une heure trente, jusqu’aux environs de minuit. Les candidats au Bac fréquentent, de surcroît, d’autres établissements de fortune, pendant la journée, en dehors des cours de soutien du week-end, au lieu de suivre l’enseignement dans leur propre lycée. Certains d’entre eux nous ont confié qu’  »ils ont plus de latitude à réclamer davantage d’explications durant ces séances d’enseignement payantes, contrairement au lycée où les professeurs s’intéressent plutôt à terminer le programme à temps ». D’autres avouent qu’ils disposent surtout, à l’extérieur, d’une liberté pour des rencontres instructives entre les deux sexes, alors que leur moindre geste est exagérément surveillé dans leur propre établissement. Ce qui revient à dire que toute volonté d’en finir avec ce phénomène d’enseignement parallèle, informel, d’ailleurs réitérée par le ministère de tutelle il y a plus d’un mois, lors d’une journée pédagogique au lycée de Kouba, doit prendre en considération les réelles aspirations de ces apprenants vivant encore leur adolescence.

Salim Haddou

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