Rebrab casse un tabou

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Issad Rebrab, le patron du groupe Cevital peut être fier. Il a réussi le pari d’être la première entreprise de droit privé à solliciter un emprunt obligataire sur le marché financier national. L’opération était réservée, jusque-là, aux seules entités publiques.Le lancement de l’opération a été dévoilé hier au cours d’une cérémonie organisée à l’hôtel El Aurassi à Alger. L’initiative parrainée par le Crédit populaire d’Algérie, la première banque algérienne en voie de privatisation, se veut donc pour Issad Rebrab un gage de bonne santé financière mais aussi de crédibilité pour son entreprise, classée par un magazine international spécialisé, comme 6ème grande entreprise nationale, et la première en terme de chiffre d’affaire parmi les entreprises privées à capitaux algériens. Cevital a sollicité, pour cette opération, un emprunt de 5 000 000 000 de dinars remboursable sur un échéancier de 6 ans, c’est-à-dire jusqu’en 2012 avec un taux d’intérêt attractif d’un peu plus de 4 %. Le taux est considéré comme historique par le patron du groupe agro-alimentaire. D’habitude, ce dernier sollicite, en cas de besoin, des emprunts sur le marché international où son entreprise jouit de crédibilité, selon ses propos.L’originalité de l’opération a été rehaussée par la présence des autorités publiques à la cérémonie d’hier. En plus du P-dg de CPA, il y avait également le directeur de la COSOB, l’autorité de régulation boursière, et le directeur général du trésor, qui a représenté le ministre des Finances « qui tenait à être présent pour encourager l’initiative ». Le premier responsable de la COSOB a indiqué, à ce propos, que la réussite de l’opération tient d’abord au fait que Cevital jouit de la transparence dans sa comptabilité et à la qualité de son management. Il faut dire aussi que cet emprunt a été rendu possible, d’après Rebrab, grâce aux conseils du bureau de conseil financier Strategica, dont le président était également présent. Tous les présents à la cérémonie d’hier se sont accordés à dire que cette opération constitue un prélude à l’ouverture du secteur privé et à son épanouissement. « Je souhaite que cette première entreprise ouvre la voie à d’autres privés nationaux, à condition qu’ils fassent preuve de transparence et de bonne gestion », a déclaré Issad Rebrab qui a indiqué que les comptes de son entreprise sont certifiés depuis trois ans par un bureau d’audit international, ce qui renforce sa réputation auprès des banques internationales.Cependant, l’entrée de Cevital dans le marché financier secondaire ouvre la voie à une question qui est devenue, parmi les experts, un véritable leitmotiv. Il s’agit de l’opérabilité de la bourse d’Alger qui n’arrive toujours pas à enregistrer de nouvelles cotations. Elles ne sont que trois entreprises à être cotées en bourse actuellement. Il s’agit de la société de gestion de l’hôtel El Aurassi, l’Eriad Sétif et Saïdal. A rappeler qu’en plus du CPA, les souscriptions à ces emprunts peuvent se faire également dans les principales banques nationales et internationales implantées en Algérie.Le montant de 5 000 000 000 DA sollicité par Cevital entre dans le cadre d’un investissement global de l’ordre de 100 milliards de dinars que consentira l’entreprise d’ici 2010, dont 83 % sur des fonds propres.

Ali Boukhlef

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