Un anthropologue accompli

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La maison de la culture qui porte son nom abrite, depuis hier, et jusqu’à demain, les activités de la commémoration du 25ème anniversaire de la disparition de Mouloud Mammeri, l’un des piliers de la culture berbère.

En marge de cette commémoration, une journée d’étude sur la vie et l’œuvre de Dda L’Mulud était au programme de la journée d’hier, sous le thème ‘’L’anthropologie dans l’œuvre de Mouloud Mammeri’’. Dans la matinée, trois communications ont été présentées par des enseignants de l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. Celle de Mme Malika Ahmed Zaid a porté sur « Mouloud Mammeri et Tamusni, l’anthropologue accompli ». Mouloud Mammeri, homme modeste avec toute sa grandeur, était « un anthropologue accompli », soulignera-t-elle. Elle ajoutera : « Ma communication se veut une lecture de l’œuvre grandiose que fut celle de Mouloud Mammeri, modeste qu’il était dans sa manière de présenter les choses. Pour ma part, j’estime que Mouloud Mammeri était un anthropologue accompli, un illustre chercheur, à la fois homme de science et de lettres qui ne s’improvisait pas scientifique, mais l’était. Il utilisait les armes, les outils, les méthodes, les instruments des différents domaines et c’est pour cela que j’estime que c’est un anthropologue total et accompli… ». En quoi Mouloud Mammeri était-il un anthropologue total ? « Aux regards des déterminants des fondamentaux, des attributs à travers sont apport à l’anthropologie du monde amazigh, il a embrassé les différents champs de l’anthropologie. Quant au terme « Tamusni », ni le terme philosophie ni le terme sagesse ne pourraient donner la teneur de ce terme. En fait, l’anthropologue total, il l’a été à travers cet itinéraire et cette quête incessante à travers des collectes des registres des corpus tant linguistiques que littéraires et des pièces poétiques telles que celles qu’il a rendues dans « Poèmes kabyles anciens ». Cette œuvre, qui a été cette déferlante qui a conduit notre langue à cette reconnaissance, c’est le 10 mars 1980, date à laquelle Dda L’Mulud devait présenter sa conférence au centre universitaire de Hasnaoua, qui a contribué grandement au processus d’ouverture démocratique dans notre pays… », dira madame Ahmed Zaïd. Le professeur a également raconté sa rencontre avec Mouloud Mammeri : « J’ai rencontré Mouloud Mammeri, en 1973,  dans le salon de l’hôtel Gourara, avec une équipe d’Italiens et d’Américains également chercheurs. Il était alors dans sa quête des poèmes anciens qui l’a mené dans le Sud algérien. J’étais alors partie dans le cadre d’un stage que nous offrait l’école d’administration ». L’oratrice a passé en revue différents types d’anthropologie : l’anthropologie politique, sociale, culturelle…etc. Le chantre de la culture berbère, comme le définit le professeur Ahmed Zaid, a fondé à Paris, le CERAM, le Centre d’Etude et de Recherches Amazighs » et la revue « Awal », et ce n’est pas par hasard qu’il a  reçu le titre de Docteur Honoris Causa à la Sorbonne, en reconnaissance de ses importants travaux. « Mouloud Mammeri était un visionnaire dans ses cinquante (50) pages de poèmes kabyles anciens. Je terminerai en disant que cette quête est un mouvement social que Mouloud Mammeri nous a livré à travers ses travaux ». A une question qui lui a été posée par l’un de ses amis écrivains qui n’est autre que Jean Pélégri sur ce que représentait la montagne pour lui, il répondra : « La montagne, la grande, j’aime et si tu me demandes pourquoi, je te dirai que c’est peut-être parce qu’elle est un défi à la médiocrité. Choisir de vivre là c’est opté pour la difficulté. Pas une difficulté passagère, non, celle de tous les jours, depuis celui où vous ouvrez les yeux sur un monde hostile, aux horizons vite atteints, jusqu’à celui où vous les fermez pour la dernière fois. Il y a un parti pris d’héroïsme, de folie ou de poésie doucement vaine à choisir cette vie.  La montagne où je suis né est d’une splendide nudité. Elle est démunie de tout : une terre chétive, des pâtures mesurées, pas de voies de grands passages pour les denrées, pour les idées… ». Une deuxième communication a été présentée par Mme Malika Boukhlou, enseignante au département de français de l’UMMTO, avec pour thème « Pour une analyse métalytique de l’œuvre mammerienne, de la nécessité d’ériger des traces ». Une troisième communication fut présentée par M. Idir Ahmed Zaid, professeur à l’UMMTO, sur « Mouloud Mammeri, le socio anthropologue, l’attractivité d’une approche interne et objective de l’être berbère ». Un recueillement sur la tombe de Mouloud Mammeri, dans son village natal, à Taourirt Mimoune, dans la daïra d’Ath Yenni, est prévu pour demain 28 février.

Karima Talis

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