L’enseignement de Tamazight en régression

Partager

Enseignants de tamazight, parent d’élèves et anciens délégués du mouvement citoyen, ont animé hier, une conférence de presse à travers laquelle ils ont donné leurs appréciations sur l’état de l’enseignement de la langue tamazight. Les plus confrontés à la réalité du terrain, les enseignants de tamazight en l’occurrence, ont estimé que l’enseignement de leur matière a enregistré une nette régression. B. Bahmed, enseignant au collège Salah Si Youcef, affirma sans ambages : « il y a une volonté délibérée de casser la dynamique de l’enseignement de tamazight à Bouira. Pour preuve, non seulement on n’ouvre pas de nouveaux postes (du moins dans les régions où la demande est nettement formulées), mais on en supprime, là où tamazight est enseignée ». L’enseignant nous apprendra qu’il a adressé une correspondance à ce propos au directeur de l’éducation. Ce dernier, lui aurait expliqué lors d’une entrevue : « si des postes n’ont pas été ouverts, c’est parce que des demandes n’ont pas été formulées ». Autrement dit, la responsabilité incombe aux chefs d’établissements. Chose que réfute D. Abeddou, ancien délégué des ârchs et non moins enseignant de tamazight, qui trouve que le responsable est, en premier lieu, le directeur de l’éducation. Plus loin, l’orateur a mis en garde les responsables de la situation. Abordant la question des concours organisés en prévision de retenir un nombre important d’enseignants pour différentes matières, Bettou, enseignant dans la région Est ne comprend pas que tamazight ne soit pas concernée, alors qu’à Tizi-Ouzou et à Béjaïa des licenciés en tamazight en concouru. « Je constate qu’a Bouira, il y a un complot contre tamazight », conclut-il. M.Toumi, ancien animateur du MCB, et après avoir rappelé le parcours de la revendication berbère, notamment l’enseignement de tamazight, depuis son introduction à l’école en 1994, estime que la question est intrinsèque du politique. Pour lui, la promotion de l’enseignement de tamazight passe par une volonté politique clairement affichée et constitutionnellement soulignée.

Le constat ayant été fait par les uns et les autres, parmi les initiateurs du point de presse, il a été décidé : « d’interpeller, de dénoncer et de mettre en garde tous ceux qui mettent un frein à l’enseignement de tamazight à Bouira ». Pour donner corps à cette « interpellation », D. Abdeddou annonce la création d’un collectif pour la défense de l’enseignement de tamazight (CPDET). La structure, avance-t-il, « est ouverte à toutes et à tous : militants de la cause amazighe, tissu associatif, société civile, universitaires, politiques… ».

Et pour commencer, une action de protestation, dont la date et la nature n’ont pas encore été arrêtées, est prévue dans les jours à venir.

S. O. A

Partager